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Ground Control To Major Tom
2 avril 2005

La vie selon Sarko ...

   

extrait de l'edito de Val dans Charlie

 

La semaine dernière, dans les sous-sols de l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a réuni le ban et l’arrière-ban de la droite pour lui expliquer sa vision sociale. Le pince-fesses s’intitulait « Convention sociale de l’UMP ». Et là, allez savoir pourquoi

 
 

— hiver trop long, printemps trop brutal —, tel un bourgeon caressé avec trop d’insistance par un soleil déboulant par surprise, Nicolas s’est déployé avec une impudeur de jeune bouc affolé par les mamelles roses brinquebalant entre les pattes duvetées des biquettes bondissantes qui aspergent de phéromones mutines les naseaux... merci au lecteur de finir tout seul cette phrase, moi, je sèche.

 

Oubliant qu’on n’était plus dans les catacombes de la secte, et que des jour nalistes s’étaient infiltrés parmi les fidèles, il a lâché la purée. Passons sur la « gabegie des 35 heures », pour se mettre en bouche, cantique inaugural obligé de toute réunion sarkozyste. Devant son parterre — où un Ernest-Antoine Seillière avait du mal à dissimuler les larmes de joie qui, si le discours avait duré plus long temps, auraient formé une stalagmite sur chaque genou —‘ c’est en prophète que Nicolas 1er s’est exprimé.

 

Son « programme législatif 2007 » est très axé sur l’économie. Il s’en dégage trois grandes idées aussi lumineuses et fondamentales que celle du premier homme primitif qui a eu l’intuition géniale de mettre un coup de pied dans les couilles de son voisin pour faire de la musique.

 

Trois idées, comme les grandes triades par quoi se définissent les civilisations.

 
 

Le Père, le Fils, le Saint-Esprit, des chrétiens. Le moine, le paysan et le soldat des langues aryennes, selon Dumézil. L’imaginaire, le symbolique et le réel des lacaniens.

 

Le « Fin Volk, ein Reich, ein Fuhrer » des nazis. Un foie, deux reins, de l’eau de Vittel. J’en passe et des meilleures. Voici donc la grande triade sarkozyenne:

 

— Un, on supprime les contrats à durée indéterminée afin que l’homme accède enfin au statut jetable des briquets, des mouchoirs et des bouteilles non consignées.

 

— Deux, on transforme les ANPF en agences d’intérim privées qui se sucrent directement sur les salaires de leurs adhérents.

 

— Trois, on supprime le Code du travail pour le remplacer par les règlements intérieurs des entreprises.

 

Évidemment, dit comme ça, c’est un peu brutal, et ça relègue le lepénisme au niveau d’une vieille école un peu romantique et sentimentale.

 

Ce qui est amusant, c’est qu’on nous dit que le non à la Constitution euro péenne est désormais à plus de 51 %, et que la cote de popularité de Sarkozy bordaille les 8o %. On dit non au traité à 51 % pour les mêmes raisons qu’on aime Sarkozy à 8o %. Qu’est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que l’opinion remplace la politique, et que la communication a remplacé l’information.

 

Et cela, c’est précisément le fondement du sarkozysme, dont on pourrait résu mer tous les discours par une seule interpellation: « Françaises, Français? Vous en avez marre de la politique, vous n’y croyez plus? Ça tombe bien, je suis comme vous. Si vous votez pour moi, je vous jure de ne pas faire de politique. De toute façon, quand on fait des affaires, on ria pas le temps de s’occuper de ces frivolités.»

Philippe VaL / charlie hebdo du 23/03/2005

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